Aucune précaution n’est superflue chez ceux qui savent à quoi s’en tenir

Il y au moins un risque dont les banques sont en mesure de se protéger et elles s’y emploient activement. Goldman Sachs, JPMorgan Chase et Morgan Stanley veulent prévenir une paralysie de leurs activités au cas où la pandémie du coronavirus prendrait une grande ampleur et empêcherait l’accès de leurs salariés à leur lieu de travail habituel. Des centres de secours éloignés des grandes villes sont testés et des équipements sont installés au domicile de certains. Non sans inquiétude à propos de la bande passante disponible et de la rapidité des transmissions.

Ces précautions sont-elles superflues ? Le Financial Times ne le pense pas qui publie un long article intitulé « les semences de la prochaine crise » afin d’éclairer le paysage. On en retiendra l’accent mis sur la menace potentielle que représente la dette obligataire des entreprises. Un récent rapport de l’OCDE souligne qu’elle avait atteint fin 2019 le niveau record de 13,5 milliers de milliards de dollars. Vu l’énorme trésorerie dont les entreprises comme Google, Facebook et Apple entre autres disposent, on en déduit que cette dette est concentrée dans les secteurs plus vulnérables de la « vieille économie ».

Comparant les caractéristiques de cette dette avec celles du passé, le rapport établit également que sa qualité est inférieure, ses maturités plus grandes et qu’elle est assortie de garanties financières moindres. Autant de facteurs qui n’annoncent rien de bon. Et, circonstance aggravante, il note une forte progression de la proportion des obligations de la catégorie « spéculatives » notés BBB et BBB-, dont les émetteurs sont déjà très endettés.

En résumé, l’ingénierie financière bat son plein, les entreprises financent par l’emprunt le rachat de leurs actions pour en faire monter les cours et fragilisent du même coup leur bilan. L’allocation du capital est de plus en plus désastreuse. L’insoutenabilité de la dette publique a été bien perçue, il commence seulement à être pris conscience de la menace que représente la dette des entreprises non-financières. Un premier signe vient d’intervenir avec le brusque gel du marché des obligations « spéculatives », que la dégradation des titres à la catégorie inférieure pourrait vite élargir. Tandis qu’il filtre des informations sur le trucage des statistiques de consommation d’électricité en Chine pour faire croire à la remise en marche des usines alors qu’il leur a été discrètement demandé de faire semblant en faisant tourner les machines à vide et en branchant la climatisation. On doute du redémarrage substantiel de la production, alors que la baisse du trafic s’accentue dans les ports allemands de la Baltique. Et ce n’est pas fini, car le trajet depuis les ports chinois demande 4 à 6 semaines de navigation aux porte-conteneurs.

Il se renforce le sentiment que les initiatives des banques centrales, ardemment souhaitées, sont nécessaires mais pas suffisantes, car elles ont de moins en moins d’impact. Et que, de toute manière, elles sont peu appropriées pour amortir le choc résultant d’une rupture durable des chaines d’approvisionnement. Elles savent stabiliser le système bancaire mais pas empêcher une récession, qui sera à son tour financièrement très déstabilisante.

Cloitrés chez eux, les cadres bancaires s’efforceront alors de faire marcher le système financier, en compétition avec leurs enfants jouant à d’innocents jeux vidéo pour se partager la bande passante…

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